mardi 7 janvier 2025

Bioctobre 2021 - jour 3 : Vessel

Ce billet est une pré-publication du tome 2 de Bioctobre 2020-2021, autour du mot clé "Vessel": Vaisseau. N'hésitez pas à proposer vos remarques et correction en commentaire !



Planche N°III                                                                                              #Vessel

- Vaisseau -

      
  • 1er soldat : Ou avez-vous eu ces noix de coco?
  • Le Roi Arthur : Nous les avons trouvées.
  • 1er soldat : Trouvées? En Mercie ? La noix de coco est un fruit tropical !
  • Le Roi Arthur : Que voulez-vous dire?
  • 1er soldat : Hé bien, c'est une zone temperée.
  • Le Roi Arthur : D'un coup d'aile, l'hirondelle rejoint le soleil, en hiver, le pluvier cherche un ciel plus clément. Et ils nous sont pourtant familiers.
  • 1er soldat : Est-ce que vous sous-entendez que la noix de coco migre ?
  • Le Roi Arthur : Pas du tout. On peut les transporter.
  • 1er soldat : Quoi? Une hirondelle portant une noix de coco?
  • Le Roi Arthur : Elle pourrait la saisir par la fibre!
  • 1er soldat : La question n'est pas de savoir par où elle la saisit! C'est une simple question de sustentation! Un oiseau de 100 grammes ne peut transporter une noix d'une livre.
  • Le Roi Arthur : Bien, peu importe. Va dire à ton maître que le roi Arthur de la cour de Camelot est ici.
  • Monty Python - Sacré Graal ! (1975)

     

  
    La noix de coco est un fruit original que l’on pourrait comparer à une grosse pêche. La peau de la pêche correspond à l’épicarpe, c’est ici l’enveloppe lisse et verte la plus externe de la noix de coco. Puis sous la peau se trouve la chair juteuse et sucrée de la pêche, le mésocarpe qui pour la noix de coco forme une couche brune très fibreuse (la bourre) emprisonnant l’air et permettant sa flottaison. Enfin le noyau dur de la pêche qui protège la graine (ou amande) est l’endocarpe, c’est la coque de la noix de coco. Le plus souvent, c’est donc débarrassé de ses enveloppes que l’on achète la noix de coco ou plutôt son noyau. On observe alors 3 marques sombres dont une seule correspond à un orifice permettant l’émergence de la plantule. Contrairement à la pêche où nous ne consommons que l’enveloppe, ici nous ne consommons que la graine et ses réserves. Plus précisément, la chair et le lait de la coco correspondent à l’albumen, des tissus riches en réserves utilisés par l’embryon pour sa germination. Au début de sa germination, l’embryon forme un organe temporaire qui va exploiter ces ressources, le cotylédon ou haustorium (qui se consomme également). Une plantule composée d’une tige feuillée et d’une racine va alors émerger par l’orifice de la coque. Voilà pour la description anatomique de ce fruit mystérieux que les botanistes qualifient de « drupe ». Comme la plupart des fruits, la noix de coco permet de disperser les graines à distance de la plante mère immobile. Beaucoup de fruits utilisent un vecteur animal pour leur dispersion, on parle de zoochorie. D’autres, comme le pissenlit, utilisent le vent (anémochorie). Enfin, la noix de coco appartient à une catégorie plus rare de fruits dispersés par l’eau et les courants (hydrochorie).



    On a longtemps cru que les courants seuls avaient permis la dispersion des noix de coco sur l’ensemble du Pacifique. Mais en réalité, la viabilité des noix de coco ne permet pas à priori de si longs voyages. La noix de coco se révèle surtout adaptée aux atolls coralliens, des milieux parfois touchés par les typhons et les tsunamis, et dont la surface varie à l’échelle des temps géologiques. Ainsi au sein de l’archipel chaque ilot émergeant ou récemment ravagé pourra ainsi être rapidement (re-)colonisé par les noix de coco à la dérive. La dispersion à longue distance n’est qu’une conséquence secondaire de cette adaptation. Finalement, la vraie cause de la dispersion du cocotier dans le Pacifique semble être l’humain. Les peuples navigateurs auraient utilisé les noix de coco comme réserve de nourriture et d’eau au cours de leurs voyages, avant de l’implanter sur les iles qu’ils colonisèrent. À vrai dire, l’humain semble avoir tellement contribué à la dispersion d’espèce d’intérêt agroéconomique que l’on pourrait peut-être parler d’Anthropochorie.


La distribution de la noix de coco dans le monde :

 Pour en savoir plus :

Hugh C. Harries, Charles R. Clement, Long-distance dispersal of the coconut palm by migration within the coral atoll ecosystem, Annals of Botany, Volume 113, Issue 4, March 2014, Pages 565–570, https://doi.org/10.1093/aob/mct293

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