mercredi 22 septembre 2021

Bioctobre - jour 13: Gardé

Ce billet est issu de la planche XIII du Livre Bioctobre 2018-2019, autour du mot clé "Gardé".
Pour en savoir plus sur le livre et se le procurer rendez-vous sur cette page : Bioctobre 2018-2019 : Le livre
 

Planche N°XIII                                                #Guarded

- Gardé -


    Dans le monde animal, les soins parentaux sont souvent considérés comme l’apanage des Vertébrés dits « supérieurs » : Oiseaux et Mammifères. C’est en réalité une vision biaisée pour deux raisons : tout d’abord, elle occulte certains faits, par exemple chez les insectes sociaux où l’organisation en caste implique des soins aux larves, ou encore le cas d’autres Vertébrés notamment des « poissons » (Cichlidés en particulier les Discus), certains « reptiles » (Alligator d’Amérique) ou encore des amphibiens (20 % des espèces seraient concernées) dont l’exemple qui va suivre.
 

    La seconde erreur consiste à penser que seuls les soins comparables à ceux portés par les humains à leurs petits sont valables, c’est-à-dire ceux impliquant une forme d’attachement, tel qu’identifié par l’éthologue Konrad Lorenz. En réalité d’un point de vue évolutif, et donc de la transmission des gènes, les soins aux jeunes sont un dilemme difficile à résoudre : vaut-il mieux prendre soin de sa progéniture après sa naissance, réduire sa mortalité et augmenter ses chances de parvenir à la maturité sexuelle, ou au contraire investir dans une nouvelle descendance et laisser la précédente se débrouiller seule ? La réponse n’est pas simple, c’est un compromis évolutif, et en conséquence les soins aux jeunes doivent être considérés comme un investissement parental variable d’une espèce à l’autre. Il n’y a donc pas présence ou absence de soins, mais un investissement plus ou moins conséquent, généralement inversement proportionnel au nombre d’œufs.
 

    Pipa pipa, ou crapaud du Surinam, est une espèce de crapaud d’Amérique du Sud, qui n’a pas un physique facile : très plat avec une tête triangulaire, il faut du temps pour reconnaitre sa beauté. Malgré ce constat, ne nous attachons pas aux apparences, mais plutôt à la reproduction de cette espèce. Après la ponte, les œufs sont incubés directement sur le dos de la femelle dans des petites loges temporaires formées par la peau. Ils se développent alors, passant par un stade têtard, jusqu’à donner naissance directement à des crapelets qui émergent du dos. Ce type de soins n’est qu’un exemple parmi d’autres : gestation interne, soins et transport des œufs (cas du crapaud accoucheur : Alytes obstetricans), protection, transport ou nutrition des têtards ; tous ces cas existent bien qu’ils soient largement moins documentés que pour les espèces de mammifères ou d’Oiseaux.

 

Pour en savoir plus :
Crump, Martha L. "Parental care among the amphibia." Advances in the Study of Behavior. Vol. 25. Academic Press, 1996. 109-144. https://doi.org/10.1016/S0065-3454(08)60331-9

 

 
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