Ce billet est issu de la planche du livre Bioctobre 2018-2019, autour du mot clé "Muddy".
Pour en savoir plus sur le livre et se le procurer rendez-vous sur cette page : Bioctobre 2018-2019 : Le livre
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Planche N°XXIII #Muddy
- Boueux -
L’évolution associée à la paléontologie raconte de fort belles histoires, mais pendant longtemps certaines furent enjolivées, de la même façon qu’un fait se transforme en légende. Ainsi chacun connait le conte du singe qui se serait redressé progressivement pour devenir homme. Ou encore le terrible cataclysme qui aurait décimé la totalité des dinosaures d’un seul coup… L’histoire dont il est question ici est celle de « la sortie des eaux ». On pourrait penser qu’il s’agit du titre d’un récit biblique, mais il est en réalité question des événements évolutifs ayant permis aux Vertébrés de coloniser la terre ferme à la fin du Dévonien vers –350 Ma. Dans cette histoire une sorte de poisson aplati fait sa sortie en utilisant ses pattes pour se déplacer à terre, donnant ainsi la lignée couronnée de succès dont nous sommes issus : les Tétrapodes.
L’une des erreurs de ce récit consiste à ne considérer que les Vertébrés tétrapodes, alors que de nombreux groupes étaient déjà présents sur terre, en particulier les plantes vasculaires les arthropodes. Par ailleurs même au sein des « poissons » (dans le sens de Vertébrés non tétrapodes), n’ayant pas effectué cette sortie magistrale, un mode de vie partiellement terrestre existe. Terrestre ou plutôt boueux… Regardons ici les « gobies marcheurs » des « poissons terrestres » du genre Periophtalmus. Ces poissons vivent sur les boues côtières du Japon, des zones maintenues humides par les marées où se développent des algues permettant l’alimentation de ses habitants. Ils se déplacent donc à l’air libre sur leurs nageoires pectorales, et les mâles utilisent leur queue pour réaliser des sauts impressionnants à destination des femelles. À l’instar des grenouilles, leur respiration est cutanée, les branchies étant inutilisables à l’air libre. Bien sûr, ces poissons ne sont pas complètement adaptés à la vie terrestre, et doivent garder leur peau, mais aussi leurs oeufs humides en permanence, mais c’est également le cas des amphibiens. D’autres exemples de poissons « partiellement sortis des eaux » existent, citons les genres Channa, ou encore Alticus, qui peuvent passer de nombreuses heures à l’air libre.
Ces observations montrent bien qu’il n’y a pas eu une seule sortie des eaux, mais des sorties multiples. Ces multiples sorties rappellent que l’évolution ne suit pas un chemin préétabli. Il n’y a ni progrès ni finalité dans l’évolution, à moins d’accorder à l’espèce humaine une place centrale dans la biodiversité qu’elle ne mérite assurément pas.
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