mardi 29 novembre 2022

Bioctobre 2019 - jour 5 : Construire

Ce billet est issu de la planche du livre Bioctobre 2018-2019, autour du mot clé "Build": Construire.
Pour en savoir plus sur le livre et se le procurer rendez-vous sur cette page : Bioctobre 2018-2019 : Le livre
 

 Planche N°XXXVI                                                                               #Build

- Construire -

En 1982, le biologiste anglais Richard Dawkins, publie « Le phénotype étendu », un ouvrage qui, à l’instar de son ouvrage précédent « Le gène égoïste » (1976), fera date en biologie évolutive. Dans cette publication, Dawkins revient sur la relation qui existe entre l’ensemble des gènes d’un organisme (le génotype) et le résultat de leur expression (le phénotype). Tiré du grec « phaínein », qui signifie « montrer », le phénotype correspond en quelque sorte à l’apparence de l’individu. Dawkins modifie l’acceptation de ce terme en montrant que le phénotype ne se limite pas à l’enveloppe corporelle des individus, mais s’applique à toutes les manifestations visibles de l’expression des gènes d’un individu. Les nombreux exemples (barrages de castors, toiles d’araignées, et nids d’oiseaux) sont des manifestations indirectes de gènes favorisant ces comportements. Lorsque l’ouvrage est bien réalisé, les individus porteurs de ces gènes sont favorisés d’un point de vue de la sélection naturelle.

L’exemple illustré ici peut être observé au nord de l’Australie à proximité de la ville de Darwin. Ça ne s’invente pas ! Il s’agit de termitières géantes mesurant jusqu’à 4 m de haut, 2,5 m de large et 1 m d’épaisseur, construites par les termites magnétiques (Amitermes meridionalis). Fait surprenant, ces termitières sont toutes orientées de la même façon, un agent immobilier parlerait « d’immeubles d’appartements traversants », orientés est-ouest. Cette orientation permet à la termitière de se réchauffer le matin, d’être peu exposé à midi lorsque le Soleil est au nord (nous sommes dans l’hémisphère Sud !), avant de repasser au Soleil le soir. Encore plus remarquable, une étude de 2002 a montré que pour établir l’orientation de leurs édifices, ces « termites boussole » utilisent le champ magnétique terrestre. Quant à la hauteur des édifices, elle permet aux termites d’éviter les inondations fréquentes dans les plaines du Nord de l’Australie. Selon les conditions de température et d’hygrométrie, les termites se déplacent dans la termitière à la recherche des conditions optimales.

Ces remarquables constructions « bioclimatiques » ne sont pas l’œuvre d’un brillant architecte, mais l’aboutissement de la coopération d’un million d’individus, issu d’un couple royal, et partageant une base génotypique commune. Chaque individu collabore ainsi au succès de sa colonie et à la transmission de ce génotype. 


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