Ce billet est une pré-publication du tome 2 de Bioctobre 2020-2021, autour du mot clé "Fish": Poisson.
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Planche N°I #Fish
- Poisson -
Les poissons n’existent pas* ! Pourtant nous les observons, nous les pêchons, nous les élevons parfois, et souvent nous les mangeons. Ils représentent environ 50 % des espèces de vertébrés, sont présents dans tous les milieux aquatiques : des fosses abyssales aux lacs d’altitude. Prédateurs redoutables, ils structurent par leur action l’ensemble de ces écosystèmes. Depuis l’enfance, on apprend à les reconnaitre avec leur corps fusiforme, leurs nageoires, leurs écailles et leurs branchies permettant de respirer dans l’eau. Et pourtant, si l’on consulte une classification scientifique récente (moins de 40 ans), les poissons n’existent pas.
Au moyen-âge, le terme « poisson » désignait l’ensemble des
animaux aquatiques, dont les crustacés, les amphibiens ou encore les mammifères
marins comme les dauphins ou les baleines. Autant dire tous les produits d’une
poissonnerie et plus encore. Ce désordre médiéval constitue en réalité une « régression » du savoir, Aristote dans
son « Histoire des Animaux », distinguait bien les cétacés des poissons (« Ichtys », futur symbole des premiers chrétiens). La classification linnéenne
du XVIIe a bien sûr donné toute sa place à ces vertébrés aquatiques en les
rassemblant dans la superclasse des « Pisces ». Mais en sciences rien n’est jamais certain, et voilà
qu’un changement de paradigme s’opère chez les systématiciens au grand dam des
ichtyologues. La ressemblance et le milieu de vie ne sont plus des critères
pertinents pour rassembler les poissons dans un même groupe, seule compte la
parenté déduite de caractères hérités d’un ancêtre commun. Par exemple, les
glandes mammaires des dauphins signent leur appartenance aux mammifères. En
appliquant ce principe de classification par parenté, on obtient des arbres phylogénétiques
où chaque bifurcation entre deux branches correspond à un ancêtre commun et
définit un groupe.
En réalité, cette « disparition » des poissons doit permettre de mieux représenter leur diversité et leur histoire évolutive. Ici, l’arbre montre de façon visuelle que certains poissons comme le cœlacanthe (groupe des Actinistia) sont plus proches des tétrapodes terrestres que des autres poissons, malgré leurs écailles, branchies et multiples nageoires. En effet, ces cœlacanthes présentent des nageoires épaisses et musculeuses comparables aux pattes de Térapodes. Ce n’est pas le cas des Actinoptérygiens dont les nageoires sont fines et rayonnées. Forts de 30 000 espèces environ, ces Actinoptérygiens incluent la quasi-totalité des poissons au sens courant du terme. Ils constituent donc une bonne alternative à la superclasse des « poissons » trop ambigüe. Bien sûr, les poissons continuent d’exister dans le langage courant et d’un point de vue écologique, mais pour le classificateur mangeur d’Actinoptérygiens, ils ne forment pas un groupe homogène valable.
Le coelacanthe, un poisson plus proche de nous que des autres poissons. |
Une môle ou poisson-lune (Mola mola), un des plus "gros" actinoptérygien. |
* Référence au blog "les poissons n'existe pas": http://fish-dont-exist.blogspot.com/ dont le contenu mérite vraiment la lecture !
Pour en savoir plus :
Guillaume Lecointre, 2021. Guide critique de l’évolution. Ed Belin éducation.
Les poissons n'existent pas : Les mystère de la phylogénie
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