Ce sont parmi les expériences les plus marquantes de l’enseignement ;
souvent critiquées ou évoquées comme un traumatisme, les dissections
n’en sont pas moins un remarquable exercice d’observation aux nombreuses
vertus pédagogiques. Dans ces articles intitulés « chroniques de
dissection » je reviendrai sur quelques TP de biologie animale de
l’UPPA.
Système digestif de la souris blanche.
Un modèle biologique incontournable
« C’est sans aucun doute le mammifère qui a le plus
contribué aux progrès de la science », voilà ce que l’on dit de la souris
blanche, Mus musculus, dans nos manuels. Bien sur de mon point de vue, le mammifère qui a le
plus contribué à la science c’est l’Homme (on fera abstraction de mickey, minus et cortex et autre souris surdoués)… Mais tout de même, comment expliquer
l’incroyable contribution de ce rongeur qui avant l’avènement de la science
était considéré comme un fléau des greniers à grain…
En réalité, ce succès s’explique parce que la souris rempli
tous les critères d’un modèle biologique :
Tout d’abord l’élevage des souris est économique, avec un faible volume occupé,
et une consommation de 5g de nourriture par jour seulement. De plus la
reproduction est aisée et rapide avec 5 à 15 portées par an, chacune donnant
naissance à une dizaine de souriceaux, soit une cinquantaine de souriceaux par
femelle par an ! Cette capacité à se reproduire rapidement associé à une
durée de vie courte correspond à une stratégie r : c’est en fait une façon
de compenser par le nombre une mortalité naturelle (prédation, famine etc.)
importante. On oppose cette stratégie à la stratégie K (longue durée de vie,
animaux de grande taille, reproduction en faible nombre).
Autre critère ; la souris est un excellent représentant
des mammifères (50% des espèces de mammifères sont des rongeurs), et sa
proximité avec l’Homme est suffisante pour bien des études (99% de gènes communs).
Dernier point, la somme de connaissances accumulées sur l’espèce, permet de
lancer pratiquement n’importe quel type d’étude, à titre d’exemple le séquençage
du génome de la souris est terminé depuis 2003.)
Glandes annexes du tube digestif.
Le tube digestif composé de l’œsophage de l’estomac et de
l’intestin, ne peut à lui seul assurer l’ensemble de la digestion. De
nombreuses glanes dites annexes viennent compléter le dispositif. Le foie est
la plus massive, il sécrète la bile : ce liquide jaunâtre au pH basique
est riches en sels biliaire dont le rôle principale consiste à favoriser
l’absorption et la digestion enzymatique des lipides. La bile agit en fait
comme un détergent en permettant la formation de petites gouttelettes lipidiques (émulsion, comme dans la sauce de salade) sur lesquels vont agir les
enzymes. La bile, produite en continue par
le foie est déversée dans les canaux hépatiques avant de rejoindre la vésicule biliaire, son
lieu de stockage, via le canal cystique. Au moment ou les aliments digérés
pénètrent dans l’intestin une hormone, la cholécystokinine (CCK) permet la
contraction de la vésicule biliaire. La bile passe alors à nouveau dans le
canal cystique avant de rejoindre le canal cholédoque qui s’ouvre dans
l’intestin.
Une autre glande annexe du tube digestif est le pancréas qui
libère le suc pancréatique riche en enzymes de toutes sortes : -protéolytiques (trypsine, chimotrypsine, carboxypeptidases), -glucolytiques
(α-amylase) -lypolitiques (lipase). Chez la souris c’est un organe diffus
mal délimité présent dans le mésentère après l’estomac.
Enfin la rate
de couleur pourpre n’a pas de rôle digestif, elle est impliquée dans la
destruction des éléments figurés du sang (les hématies par exemples), ainsi que
dans la fonction immunitaire.
[Le foie en haut sur cette dissection présente 4 à 5 lobes inégaux, on observe en dessous l’estomac précédé de l’œsophage (étiré sur le coté gauche) et suivi du duodenum (première partie de l’intestin grêle en haut à droite). On remarque bien la vésicule biliaire orangée reliée en bas par le canal cystique au canal cholédoque lequel rejoint l’intestin à droite. Enfin le pancréas diffus est épinglé en bas de l’estomac avec la rate sur la gauche.]
Les qualités d’un bon dessin
La dissection de la souris ne présentant pas de difficulté particulière,
je vais donc m’attarder cette fois sur les critères de qualité du dessin
scientifique. Tout d’abord ce mode de représentation à pour but de rendre comte
de la réalité, et donc des observations faite lors de la dissection, et ce sans
les idéaliser. C’est donc un outil pédagogique permettant de travailler le
sens de l’observation, ainsi que la mémorisation des structures observées.
Pour faire un bon dessin, celui-ci doit déjà être grand et
remplir une grande partie de la feuille. Le trait doit être fin et continu mais
suffisamment marqué pour bien délimiter les structures. Les proportions sont
également un point essentiel, pour bien réussir il ne faut pas hésiter à
comparer la taille des éléments entre eux dans la réalité et sur le dessin. Une
autre astuce consiste à prendre des points de repères (longueur d’une épingle…)
voir des mesures avec un réglet. Enfin il convient de donner un peu de réalisme
à l’ensemble pour ne pas se limiter à un schéma. Ainsi on ajoutera un maximum de petits détails, morceaux de muscles découpés, restes de mésentère sur le tube digestif etc. On pourra également ombrer différents
éléments où leur appliquer une texture afin de bien distinguer les différents
organes entre eux.
Une fois le dessin terminé il convient de le légender en
disposant les légendes toutes du même coté avec un trait de rappel rectiligne
le plus fin possible. Un titre aussi complet que possible viendra apporter la
touche finale de la figure en bas du dessin.
Merci à tous les étudiants pour leurs contributions à ces articles - Bon courage pour les révisions.
Sources :
- Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mus_musculus
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tube_digestif - Le site de Emmanuelle Van Noppen : dessinatrice scientifique: http://www.illustration-animaliere.be/index.php/dessin-scientifique
- Travaux pratiques de biologie animale - Zoologie Embryologie Histologie, 3e édition. André Beaumont, Pierre Cassier. Editions Dunod 502p.
3 comments:
Merci a vous!
Fassu
Je parcoure votre blog et il est vraiment super! Bravo pour ces dissections!
Heureusement que tous ceux qui postent n'ont pas vu le massacre qu'ont fait certains en salle de TP ^^' Personnellement ça a été (pas sensationnel non plus) mais j'ai vu plus d'un intestin en kit Ikea (manquait des partis ^^)
Enregistrer un commentaire