[Le virus de la grippe "aviaire" A(H5N1) en doré sur la photo]
Au départ était le virus !
La grippe est une maladie causée par un virus : Myxovirus influenzae, baptisé ainsi pour les symptômes grippaux qu'il provoque, influenza signifiant en italien: "écoulement de fluide". Le terme influenza est aujourd'hui devenu synonyme du terme grippe. Le code génétique de ce virus est écrit en ARN monocaténaire segmenté (7 à 8 brins d'ARN simple dans le virus) ce qui en fait un rétrovirus comme le virus du sida par exemple. Selon le génome du virus (et notamment le nombre de segments) on distingue trois catégories de virus de la grippe:
L'influenzavirus A, très courant, qui cause de toutes les pandémies de grippe et infecte les humains, les autres mammifères et les oiseaux. L'influenzavirus B qui infecte les humains et les phoques! Et enfin l'influenzavirus C beaucoup plus rare qui infecte les humains et les porcs. Voilà donc pourquoi on parle de grippe A !
[Le virus de la grippe A et les dix protéines codées par son génome.]
Que signifient les lettres H et N ??
Le génome du virus composé de 7 à 8 segment code pour à chaque fois une dizaine de protéines, parmi elles deux sont caractéristiques d'un virus de la grippe et permettent de les classer en sous-types:
L'hémagglutinine (notée HA) et la neuraminidase (NA). Ces deux glycoprotéines qui composent la capside constituent des antigènes (molécules reconnues comme étrangère par l'organisme) dont la variation est importante. Ainsi il existe 16 type d'hémagglutinine et 9 types de neuraminidases (soit 15x9=144 possibilités différentes). Leur rôle est de permettre l'entrée dans la cellule de l'organisme qui va être infectée pour l'hémagglutinine, et de permettre le bourgeonnement des nouveaux virus pour la neuraminidase.
Chez l'homme on ne retrouve que trois sous-types d'hémagglutinine (H1,H2,H3) et deux sous-types de neuraminidase (N1, N2), les combinaisons H1N1 et H3N2 étant les plus impliqués dans les épidémies saisonnières.
Chez les oiseaux,les sous-types les plus pathogènes sont comporte une hémagglutinine H5 ou H7. Hé oui rappelez-vous de la célèbre grippe aviaire dite "H5N1"...
Une notion épidémiologique: le foyer d'infection
Notons que des nouveaux sous-types peuvent émerger par réarrangement et échanges de segments d'ARN chez un animal compatible avec de nombreux sous types tel que le porc. Lorsqu'un virus H5N6 et autre H1N1 se retrouvent dans un même organisme, il peuvent alors donner lieu à un nouveau sous type tel que H5N1. Un tel phénomène qualifié "d'antigenic shifting" est responsable des flambées épidémiques, telles que la dévastatrice grippe espagnole de 1918 (40 millions de morts). En effet la population qui entre en contact avec ce nouveau virus ne possède alors aucune immunité contre lui, et si ce dernier est pathogène les conséquences peuvent alors être dramatiques... A partir de ce point d'émergence ou foyer d'infection endémique, le virus se transmet alors donnant lieu à une épidémie voir à une pandémie.
Finalement, quel nom utiliser ?
Comme un virus peut muter tout en conservant le même sous-type; et ce fut le cas cet hiver pour la grippe mexicaine A(H1N1), il existe une probabilité importante de voir resurgir un sous type déjà connu. Il apparait donc plus judicieux de dénommer chaque épisode épidémique par sa date et son foyer d'infection "primordial". Donc grippe espagnole, ou mexicaine est en fait plus intéressant que grippe A ou grippe H1N1, n'en déplaise aux espagnols, et aux mexicains...
4 comments:
Bonjour,
Avez-vous une adresse mail par laquelle je peux vous contacter?
Oui, bien sur !
jean.philippe.colin (at) gmail.com
En remplaçant le (at) par un bel arobase !
Un article pertinent et délicieusement caustique sur le bio, qui met des mots justes sur bien des impressions, réfute bien des idées toutes faites, tout en pointant la nécessité évidente d'une alternative à notre système actuel à la fois de consommation, de nutrition et de prise en compte de l'environnement... Bref, un article qui fait mouche à l'opposition à la fois hâtive et réductrice : Bio / Pesticides, et qui donne à réfléchir...
Pascale C.
Au passage^^:
En novembre, les dernières doses de vaccin contre le H1N1 seront incinérées. Au final 19 millions de doses ont été détruites, pour un coût total -d'achat et de destruction- d'environ 400 millions d'euros
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