vendredi 2 avril 2010

Le bon sens du mot écologie.

Il existe une confusion malheureusement trop fréquente entre l'écologie et l'écologisme ou l'environnementalisme. Cette confusion est même devenue la règle dans les médias français si bien que beaucoup de gens finissent par confondre ces deux disciplines pour ne pas dire ignorer totalement l'une des deux. (J'ai moi-même découvert le sens réel de ce mot lors de mon premier cours d'écologie en deuxième année de faculté.) Dans cet article je vous propose de redéfinir ces deux termes pour comprendre les échecs de l'écologisme à la lumière de l'écologie ...

L'écologie: Une science avant tout !
L'écologie, du grec οίκος : "oikos" (maison) ; et λόγος : "logos" (discours, sciences, connaissance), est la science étudiant les relations des êtres vivants avec leur environnement ainsi qu'avec les autres êtres vivants. Il s'agit donc bien d'une science dans le sens noble du terme, dans la mesure où son but est d'étudier des faits et de produire des explications. Il y a dans cette définition l'idée que l'écosystème est régulé comme une bonne maitresse de maison régulerait son foyer gérant aussi bien les lieux que les personnes qui y vivent ou encore le budget. Cette définition est pour la première fois introduite en 1866 par le biologiste allemand Ernst Haeckel, à une période où les sciences économiques sont en pleine émergence, on parle d'ailleurs d'économie de la nature.

Si les médias français ignorent autant cette science qu'est l'écologie, c'est pour la simple et bonne raison qu'elle fut longtemps inexistante. En effet à la fin du XIXe siècle une majorité de scientifiques français adhèrent aux théories du français Lamarck, plutôt qu'à celle de l'anglais Darwin (en sciences, le chauvinisme n'est pas toujours bon...). Et s'il y a bien une seule discipline qui ne peut se passer du concept d'évolution en biologie, c'est bien l'écologie.

Jean-Baptiste de Lamarck (1744-1829)                Charles Darwin (1809-1882)

L'écologisme: Une idéologie humaniste
L'écologisme est finalement assez éloigné de l'écologie. En effet c'est un courant de pensée ou une idéologie qui regroupe un certain nombre de valeurs en faveur de la protection de l'environnement (tel qu'il était à un temps T... qu'il faudrait d'ailleurs définir...). Cette idée est donc profondément humaniste ou politique et donc, paradoxalement, l'écologisme est en opposition avec la nature. En effet, selon moi, une espèce soumise à la sélection naturelle ne peut se préoccuper de la préservation de son environnement mais uniquement de sa survie - le néhanderthalien moyen n'a pas du participer à beaucoup de projet de sauvegarde du mammouth. Ce paradoxe explique d'ailleurs probablement pourquoi les idées de l'écologisme ont tant de mal à s'imposer. Des millions d'années de sélection naturelle ont favorisé les comportements permettant la survie et le succès reproducteur et tout individu ayant des scrupules quant-à l'exploitation de son environnement compromet alors ses chances de survie. Dès lors il semble évident que cet héritage ne va pas s'effacer en 50 ans ...

Pour conclure, c'est une bonne compréhension de l'écologie qui nous explique les échecs de l'écologisme.

A lire également: l'article Wikipédia

4 comments:

Jean-Philippe a dit…

Je vais innover en commentant moi même avec une remarque amusante:

Le ministère de l'écologie et du développement durable, est vous l'avez compris bien mal nommé ! Un ministère se préoccupe rarement de science, où alors peut-être devrait-on appeler le ministère de la santé: ministère de la médecine ??

à méditer !

Nicobola a dit…

Je trouve ça bien de souligner cette distinction. Moi même je me suis trouvé joliment confronté à cette distinction lorsque j'hésitais entre un master d'écologie et un master de systématique on m'a répondu plusieurs fois "prend la systématique, l'écologie c'est juste un truc à la mode". Malheureusement à voir mes camarades du master d'écologie, la plupart se dirigent vers des filières d'écologie de la conservation et les étudiants deviennent rare en écologie évolutive.

Pour le parallèle écologie/économie je ne sais pas si ça a été fait mais ça serait intéressant si des auteurs l'approfondissait d'un point de vue mathématique et épistémologique (pas comme un simple exemple comme Dawkins).

Je serait personnellement moins sévère avec l'écologisme mais effectivement, l'écologue donne la situation, l'écologiste dit ce qu'on en fait. Je pense au contraire qu'une bonne compréhension de l'écologie nous permettra un écologisme plus pertinent. Mais si l'on n'oublie pas que l'écologisme fait plus partie de la morale et que l'écologie ne nous dit pas ce qu'il faut faire.

Bibouxi a dit…

"tout individu ayant des scrupules quant-à l'exploitation de son environnement compromet alors ses chances de survie"

Souviens toi d'un beau contre-exemple : le virus de la myxomatose qui diminue sa virulence quand la population de lapin descend à une seuil critique.

Jean-Philippe a dit…

Pas bête ce contre exemple. Il s'agit du cas d'un parasite et il y a un compromis entre virulence et transmission avec une valeur intermédiaire entre les deux qui correspond au maximum de fitness dans une situation donnée.

Mais si un hôte est atteint par 2 parasites l'un virulent et l'autre peu virulent, le second se transmet peu car il ménage son hôte, alors que le second l'exploite à fond. La stratégie peu virulente est défavorisée...

Et là peu importe que les 2 parasites soient de la même espèces ou pas, une virulence élevée va s'installer...

Pour notre cas à nous nous sommes 7Mards de parasites de la Terre...

En fait c'est un peu comme la théorie des jeux (il y a un article dessus) : il existe une solution optimale de coopération mais comme les protagonistes sont individualistes d'un point de vue évolutif, cette solution n'est pas adoptée...

A moins que... (restons optimistes)

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